Le Forum des Peuples, un espace d’éducation populaire et d’analyse des politiques néo-libérales, vise l’interpellation des décideurs au plan national et international en ce qui concerne les politiques et leurs conséquences désastreuses sur la vie des populations du Nord et du Sud. Le Forum des Peuples est aussi un espace de construction d’alternatives.
Les acquis de cet espace, enregistrés au fil des ans et suivant ses éditions précédentes (respectivement à Siby en 2002 et 2003, Kita en 2004, Fana en 2005 et le bilan à mi- parcours de Gao en 2006), sont tout d’abord le renforcement de capacités du mouvement social Malien et Africain, sa prise de conscience et de mobilisation dans sa diversité autour des objectifs communs se traduisant par la recherche de solutions aux multiples problèmes, notamment la dette bilatérale et multilatérale, qui minent l’Afrique. Ces problèmes se manifestent en Afrique par les nombreux conflits et guerres, l’endettement, la politique répressive et sélective de l’immigration, les fausses promesses d’augmentation de l’aide publique au développement et de lutte contre la pauvreté, etc…
Le territoire choisi pour abriter la 6e édition du Forum des Peuples est la région de Sikasso qui est la 3e région administrative et économique du Mali et aussi la capitale du coton au Mali. C’est aussi dans cette région qu’est localisée la Compagnie Malienne pour le Développement des Textiles (CMDT), une société d’Etat dont la privatisation est actuellement en cours et qui en fin de processus entraà®nera un bradage de l’économie nationale, une augmentation des travailleurs déflatés, et un tissus social délabré ; A celles-là s’ajoute la menace à toute l’agriculture malienne en raison de l’introduction des OGM dans les exploitations agricoles locales dans la zone et l’exploitation effrénée des mines d’or par les multinationales ne tenant nullement compte des effets environnementaux sur la vieetla santé des populations.
Cette sixième édition du Forum des Peuples a enregistré une participation de qualité (environ 800 participants en provenance des régions du Mali, du district de Bamako, des différentes composantes de la société civile et des mouvements sociaux des pays d’Afrique ( Bénin,Burkina, Côte-d’Ivoire, Mali), d’Europe ( Belgique,France, Royaume-Uni, Italie), d’Amérique ( Canada).
Le Forum a été rendu possible grà¢ce à l’appui technique et financier de partenaires engagés dans la lutte pour une justice sociale et économique et la bonne gouvernance dans le monde. Il s’agit de : l’association Française le CCFD, le l’ONG Britannique Water aid, le collectif des ONG Belge le CNCD, l’ONG Suédoise Diakonia, OXFAM/NOVIB des Pays-Bas, l’ONG Suisse HELVETAS, OXFAM/Belgique, Huilerie HAWYT de Sikasso et le Gouvernement du Mali..
Il s’est tenu avec la présence des autorités administratives et municipales, les chefs traditionnels de Sikasso. Plus d’une centaine de délégations de groupements et d’organisations paysannes étaient venues des régions du Mali et de la sous région.
Le Gouvernement de la République Mali, pour la première fois au cours des six éditions, a participé au Forum des Peuples par une personnalité de très haut rang, en l’occurrence le Ministre du Développement Social, de la Solidarité et des Personnes Agées (MDSSPA) qui a marqué la cérémonie d’ouverture par sa présence et par une intervention pour saluer le travail de la CAD Mali et des mouvements sociaux en général.
L’organisation pédagogique t méthodologique mise en place a permis de traiter intégralement les questions fondamentales qui préoccupent l’ensemble des Peuples du monde ont été traduites suivant les thématiques qui ont été la base des discussions dans les ateliers :
- le monde paysan et les politiques néolibérales
- la Dette,
- les Accords de Partenariat Economique UE-ACP,
- la Souveraineté alimentaire et les conflits fonciers
- la Pauvreté
- l’Accès à l’eau potable
- l’endettement paysan
- les privatisations
- les OGM
- la banque du sud,
L’ensemble de ces thématiques a été abordé dans une séries de vingt un (21) ateliers de travail suivis d’intenses débats de plénières autour des différents thèmes d’exposés qui en étaient programmés.
Fortement médiatisé tant par la presse nationale que par la presse internationale, le forum de Sikasso aura révélé à la face du monde que les réponses apportées aux préoccupations et questions des pays pauvres par les dirigeants des pays riches ressemblent à un aveu d’échec, d’hypocrisie et d’irresponsabilité. Les mesures prises ces dernières années n’ont été que des opérations d’effet d’annonces doublées de mépris profond pour les souffrances de nos peuples.
A l’issue de cette sixième édition du forum des peuples à Sikasso, une déclaration générale a été élaborée et adoptée par les représentants des différentes composantes de la société civile et des mouvements sociaux de plusieurs pays d’Afrique, d’Europe et d’Amérique. Ils se sont réjouis de la richesse et de la largesse démocratique qui ont prévalu tout long des débats et discussions tant dans les ateliers que dans les réunions de plénières. Ces discussions et débats ont été menées autour des questions fondamentales se rapportant notamment à la dette multilatérale et bilatérale des pays pauvres, les accords de partenariat économiques entre l’Union Européenne et les pays ACP, la souveraineté alimentaire, la pauvreté, l’accès à l’eau potable et le réchauffement climatique.
Enfin, concernant les propositions d’alternatives et des recommandations consignées dans la déclaration générale de cette sixième édition du Forum des Peuples, on peut citer entre autres :
- L’annulation inconditionnelle et totale de la dette
- La suppression du Fond Monétaire international et de la Banque Mondiale instruments de promotion et de renforcement de l’idéologie néolibérale et leur remplacement par la Banque du Sud qui regroupera tous les pays en voie de développement et les pays émergents afin de poser les bases d’un développement durable fondé sur des relations économiques complémentaires et justes entre les Etats.
- La régularisation totale et inconditionnelle de tous les sans-papiers en France et dans les autres pays de l’espace Schengen.
- L’ouverture d’un débat national sur la loi d’orientation agricole en dehors des structures institutionnelles avec l’implication du Conseil supérieur de l’agriculture.